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Endométriose et médecines douces, approches holistiques et protocole de soins

Une évaluation de l’intensité, de la typologie, des retentissements comportementaux, du contexte personnel liés à la douleur est indispensable et pourrait être le gage d’une attitude thérapeutique adaptée avec une efficacité potentialisée.


Les recommandations de bonne pratique médicale ont été mises à jour en décembre 2017 par la HAS après une année de travail avec le Collège des gynécologues (CNGOF) et les associations de patientes comme ENDOmind (que j’ai co-fondée en 2014).


La stratégie diagnostique & les traitements médicaux, chirurgicaux et alternatifs y sont largement développés. Retrouvez mon article complet et tous les documents publiés de la HAS sur le site d’Endomind




Je voudrais ici faire un focus sur la place des médecines douces dans les dernières recommandations médicales.


Faute d’étude suffisante pour le groupe d’experts, l’alimentation n’y est malheureusement pas abordée. Alors que disent les recommandations médicales au sujet des thérapeutiques alternatives ?


En premier lieu, les experts de l’endométriose nous rappellent que ces thérapeutiques alternatives sont complémentaires à une prise en charge allopathique.

Selon une étude américaine, 50% des femmes atteintes d’endométriose présentant des douleurs chroniques utilisent ces méthodes alternatives et notamment de l’acupuncture, des massages, du yoga, de la méditation et des traitements par vitamines et oligoéléments.


  • La phytothérapie peut-elle être un recours antalgique à la douleur de l’endométriose ?

· Supplémentation par antioxydants

Le stress oxydatif pourrait jouer un rôle dans le développement et la progression de l'endométriose. L’expression des antioxydants enzymatiques et non enzymatiques est réduite dans les cellules endométriales des patientes développant une endométriose. Une supplémentation en vitamines B6, A, C, E, en sels minéraux, en ferments lactiques et en omega 3,6 pendant 6 mois procure une amélioration équivalente aux traitements hormonaux de l’endométriose profonde opérée en termes de qualité de vie. On constate une diminution de l’intensité des dysménorrhées, des douleurs pelviennes non menstruelles, de la dyspareunie profonde.


· Plantes médicinales et condimentaires

Le recours aux herbes à vertu réputée médicinale a été étudié dans les dysménorrhées. On retrouve le fenugrec, le gingembre, la valériane, le zataria ont tous provoqué une diminution de l’intensité des dysménorrhées.


· Herbes chinoises

Les herbes chinoises sont utilisées en médecine traditionnelle depuis 2 000 ans. L’endométriose n’est pas reconnue dans la dimension conceptuelle de la médecine chinoise basée sur les énergies et sur les symptômes qui traduisent une stagnation du sang et de l’énergie vitale. Les herbes chinoises améliore la microcirculation, réduisent l’inflammation, régulent l’immunité humorale et cellulaire.

Par contre, la sécurité de composition, les formulations des associations des herbes chinoises efficaces dans l’endométriose ne sont pas encore clairement établies. Leur utilisation ne devrait se faire qu’avec une connaissance approfondie de la médecine chinoise. À ce jour, prudence donc sur l’utilisation des formes proposées à la vente en France ou sur Internet.


· Aromathérapie Le massage abdominal avec des huiles essentielles a été évalué dans les dysménorrhées et cette étude a permis de constater une amélioration du score de douleur dès le premier jour des règles.


  • Quels sont les traitements complémentaires physiques de la douleur de l’endométriose ?


· Acupuncture

L’acupuncture est un recours thérapeutique très utilisé. Associée aux traitements conventionnels, l’acupuncture améliore l’intensité de la douleur et la qualité de vie de patientes présentant une endométriose, y compris chez les adolescentes. L’approche holistique du patient est inhérente à la pratique de l’acupuncture et une relation praticien-patient est favorisée par le temps de consultation, ceci pouvant renforcer le bénéfice perçu par les patientes.


· Neurostimulation transcutanée (TENS)

La neurostimulation transcutanée a été étudiée dans les dysménorrhées primaires. Les durées et fréquences de stimulation étaient le plus souvent laissées à la discrétion des patientes. Mais quelle que soit la technique de stimulation (basse fréquence ou haute fréquence), après 8 semaines de stimulation, une diminution significative des douleurs pelviennes chroniques était observée.


· Ostéopathie

Une amélioration significative des dimensions physiques et psychologiques de la qualité de vie a été observée chez des patientes ayant bénéficié de manœuvres ostéopathiques dans le cadre d’une prise en charge d’endométriose pelvienne profonde douloureuse.


· Exercice physique

Les études épidémiologiques tendent à montrer une relation inverse entre activité physique et risque d’endométriose. Mais il convient de rappeler que l’existence de douleurs pelviennes limite les capacités et envies d’activité physique.


· Tai chi, yoga, qigong

Ces activités sont promues dans la prise en charge de la douleur chronique. Seul l’intérêt du yoga a été étudié sur la douleur liée à l’endométriose. Une amélioration de la qualité de vie évaluée est rapportée par les patientes pratiquant régulièrement le yoga.


  • Les thérapies cognitivo-comportementales sont-elles un recours possible sur la douleur de l’endométriose ?


· Hypnose

Cette technique de TCC n’a pas fait l’objet d’évaluation spécifique dans l’endométriose. Mais il semblerait qu’un traitement conventionnel couplé à de l’hypnose induisent une amélioration de la qualité de vie.


· Relaxation

La relaxation type Jacobson (contraction-décontraction musculaire) a pu être évaluée dans un groupe de jeunes patientes chinoises souffrant d’endométriose. Des bénéfices ont pu être constatés par les auteurs sur l’anxiété et sur la qualité de vie des malades.


· Méditation de pleine conscience (mindfulness)

La mindfulness n’est ni une technique cognitivo-comportementale ni une technique de relaxation, et n’a pas été évaluée dans la prise en charge de la douleur de l’endométriose. De nombreuses situations de douleurs chroniques tirent par ailleurs bénéfice de la mindfulness.


  • Conclusion

« Les difficultés à conduire des travaux permettant de conclure à l’efficacité d’une conduite thérapeutique selon l’evidence based medicine limitent le nombre d’études disponibles. Il reste cependant à constater que les thérapeutiques, complémentaires ou non, pharmacologiques ou non, associent toujours un acte technique à un acte humain. L’efficacité des thérapeutiques passe donc également par l’acte humain dans des proportions très variables.


La prise en charge de la douleur répond au modèle bio-psycho-social dans une approche holistique par une attention soutenue portée au patient. L’approche pluridisciplinaire devient donc indispensable dans les soins à apporter aux patientes souffrant d’endométriose.


Le temps de l’évaluation semble devoir être un moment important de la prise en charge de la douleur liée à l’endométriose. Une évaluation de l’intensité, de la typologie, des retentissements comportementaux, du contexte personnel liés à la douleur est indispensable et pourrait être le gage d’une attitude thérapeutique adaptée avec une efficacité potentialisée. La démarche diagnostique, l’évaluation de toutes les dimensions de la symptomatologie douloureuse et du contexte thymique associées à la définition des objectifs de la patiente en termes de fertilité et de douleur devraient conduire à une adaptation des traitements et du temps où ils sont proposés.

Cette nécessité d’une stratégie de prise en charge globale médicale, chirurgicale et complémentaire devrait être proposée par le recours aux centres experts. »





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